Lundi 26 octobre 2009 : L’endémique
Déséquipement en solo avec incident ou dans la série : Je rencontre une Raymonde et lui propose : « et si on se mordait l’oreille ? »
J’aperçois la corde d’entrée que j’ai installé, c’est le dernier fractio. Je remonte tout l’équipement de l’endémique, accroché à mon baudrier plus tout l’outillage resté au fond. J’envoie devant moi le sceau que je gère à part pour ne pas qu’il s’accroche partout. Je me place dans le passage étroit et d’un seul coup, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. C’est comme si j’avais pris un grand coup de bambou sur le côté de la tête. Où je suis, ne vois pas qui a pu me le mettre.
J’essaie de comprendre la situation : je suis bloqué sous une pierre que j’arrive à bouger, coincé par le crawl, la poignée et par le casque. D’ailleurs, il y a la sangle qui m’étrangle et je n’arrive plus à respirer. C’est vite ingérable.
J’enlève mon gant droit. Et j’arrive à atteindre la boucle. Mes doigts se referment dessus. Elle s’ouvre, c’est déjà mieux.
Je tire comme un fou et arrache la tête. Ca fait mal, mais c’est beaucoup mieux. J’arrive à descendre un peu en dégageant alternativement poignée et crawl ; c’est encore mieux.
Il faut que je trouve ma frontale de secours pour voir la situation : c’est le bloc où est fixé le deuxième amarrage du mickey qui est descendu. Mon casque est coincé dessous. Je sens quelque chose qui coule sur le côté. Je touche, c’est du sang. Ce n’est pas grave, je vais bien, un peu contusionné, un peu écorché, rien de plus.
Maintenant, j’aimerai bien sortir d’ici avant l’arrivée des secours parce que l’attente risque d’être longue.
Je redescends chercher une autre issu. Dans ce gruyère, il y a des passages. Mais après examen, rien de praticable. Je remonte faire jouer le bloc sur l’amarrage, mais il y a le casque qui coince. Je n’arrive pas à le sortir.
Je redescends déballer les outils dans le kit. Je sors une massette, un burin et le pied de biche. Je cherche des emplacements où les poser en sécurité pour ne pas qu’ils dévalent dans le vide sous moi. Avec le pied de biche, j’arrive à dégager le casque et à basculer le bloc. Il y a un petit passage au dessus qui s’avère impraticable pour moi.
Il me reste une solution, c’est de défaire l’amarrage pour que le bloc descende. C’est un peu chaud car le lieu est étroit et je n’ai pas beaucoup de place pour le gérer. Comme il doit peser une centaine de kilos, je ne peux m’en remettre à ma bonne étoile, ou attendre…
Le boulon enlevé, je fais sauter la plaquette avec le pied de biche. Le bloc descend et s’arrête, coincé par les parois et une lame en dessous. Cette fois, l’issue est encore plus fermée.
C’est l’heure de jouer du burin et de la massette. Je casse ce que je peux du bloc et de ce qui est autour. La lame s’avère être un morceau de calcaire en travers avec un colmatage de boue et de morceaux de moindre importance. Je dégage ce que je peux derrière l’épée de damoclès.
J’arrive à enlever le bloc en dessous qui pèse déjà lourd même si il est tout petit comparé à la Raymonde. Elle ne tient plus que par peu de chose entre les parois et j’ai un peu plus d’espace pour gérer sa chute si elle dévale.
Je l’ébranle à droite, puis à gauche avec le pied de biche. Elle descend, se bloque et se couche.
La voix est libérée, mais il est tard. Couvert de boue des pieds à la tête, je mets une bâche sur mon siège et fonce « à la cabine téléphonique » rassurer tout le monde. Laure, Franck et Hervé étaient fort inquiets et ce dernier déjà en train de préparer la voiture pour monter voir ce qu’il se passait.
Yves