5 juin 2023
La québécoise, c’est moi : Isabelle, en vacances chez sa « chum » française Ingrid, la « blonde » de Laurent, mon guide pour une sortie de spéléologie. Laurent m’a gentiment proposé d’écrire un mot suite à mon aventure avec lui au raggaie. Je vais donc vous le faire « à la bonne franquette québécoise » pour mettre un peu de « par chez nous » à cette histoire vécue.
« Faut que j’vous dise tout d’suite » que les espaces étroits, «c’est pas mon fort ». Même que ça devient vite angoissant pour moi. Laurent m’avait « quand même » rassurée avant de partir en me disant que tout allait « être correct ». Juste un « p’tit boutte » à faire à 4 pattes dans un étroit tunnel. Bon, « ok », j’aime l’aventure, les défis et « chuis » ici pour vivre de nouvelles expériences alors « j’arrête de niaiser » et j’y vais (non sans avoir le cœur et la tête pas trop « sûrs »). En arrivant à la grotte, mon imagination «se payait la traite » en scénarios catastrophes : Est-ce que la grotte peut s’effondrer ? Est-ce qu’un barrage pourrait s’ouvrir en amont ? Etc, etc. Une chance, Laurent s’est montré très rassurant, attentionné et compréhensif à mon égard durant l’ÉPREUVE. Une fois, par contre, il n’a pas réussi « pantoute » à me rassurer.
La partie étroite de la grotte venait tout juste de débuter et j’avais déjà le cœur qui battait plus fort. Le sentiment d’angoisse commençait à se manifester et je me disais que c’était « p’t’être mieux que j’sacre mon camp d’icitte ».
- « Y’en as-tu ben long encore à faire » Laurent ?
Et lui de me répondre en pensant VRAIMENT me rassurer :
- Non non, juste 50 m. à peu près.
- Quoi ! 50 m. ? « T’es malade ! J’vas étouffer ben raide moi-là. »
J’étais en effet plus que prête à « virer de bord et sacrer mon camp » de là. Mon cœur battait de plus en plus fort même si Laurent tentait de se reprendre pour me rassurer, mais « ça marchait pas fort son affaire ».
- Laurent, « j’me sens pas bien pantoute ».
- C’est bon, viens là à côté de moi. Viens t’asseoir, on va respirer lentement et se détendre.
S’asseoir, se détendre, c’est pas le genre d’endroit où je me détends moi-là, mais je l’écoute et « je m’écrase » à côté de lui, pliée en 2, la tête au plafond. Puis, tranquillement, « ça marche » ! J’arrive à lui faire confiance, à respirer plus lentement, plus profondément, à parler et à me changer les idées (vive les années de yoga et la thérapie). J’ai trop le goût de continuer pour passer ce foutu tunnel et profiter du reste de la grotte à explorer les différentes salles successives. J’y arrive finalement en fixant de très près les semelles de ses souliers. Juste les semelles et rien d’autre J. La grotte n’existe plus. J’avance à 4 pattes en visualisant que je me « r’tourne de bord » et que la sortie est tout juste derrière moi avec le soleil et l’herbe verte. Ça m’aide à tenir le coup dans ces interminables 50 m. J’ai pu ensuite admirer le spectacle des couleurs, des textures et des différentes formes autour de moi. Je me suis amusée à grimper, glisser, me « tortiller », marcher dans l’eau pour me rendre ainsi jusqu’à la salle des sables, devenue salle de la « bouette ». Nous étions les premiers à y marcher. Aucune de trace de pas autour de nous. Juste nous 2 dans ce gigantesque paysage lunaire intérieur. C’était magnifique et en même temps, j’en avais assez. Je n’oubliais pas que je devais retourner et « me taper » le foutu tunnel encore une fois. J’ai mieux fait au retour. J’avais hâte de sortir mais pas d’angoisse cette fois-ci. Toujours regarder les semelles de Laurent, rien d’autre… Et puis le soleil, la forêt, le vert tout autour qui m’attendaient pour vrai à la sortie. J’étais saine et sauve et franchement beaucoup mieux dehors « qu’en d’dans » ! Merci Laurent, merci la bière du retour : « J’vas m’en souvenir toute ma vie » !
Isabelle