Participants : Guillaume, Doriane, Paul G. et moi-même Paul M.
Je me suis posé la question d’où venait ce nom incongru, il s’agit d’un nom tiré des découvreurs de la cavité en 2005 : THierry, PAUlo, GArey, NAnar, HErvé formant ainsi « THIPAUGANA֤HE ». Je ne les connais pas tous, mais ce sont de sacrés personnages.
Guillaume propose cette sortie sur le groupe du GAS. Une petite troupe se forme, et je me greffe à la dernière minute, les dernières consignes essentielles sont données : « Paul tu comptes ramener un apéro ??? ». C’est parti pour un -150 à quatre. Paul G., on ne le présente plus, notre prof préféré de cailloux et de grenouilles, la cinquantaine, sous terre c’est du solide. Guillaume, guide du jour, c’est notre topographe du club, force tranquille : besogneux, jamais un mot plus haut que l’autre. Et puis, Doriane, notre petit dragon : une force intranquille, débordante d’émotions, à la fois introvertie et extravertie, joyeuse, peureuse, bienveillante... Ce qui est fascinant, c’est qu’elle parvient parfois à exprimer toutes ces émotions simultanément. Quand son vase déborde, enfin non, quand il est renversé totalement ou rien, il y a un petit air d’Alexandra dans la série « le flambeau ». réf. : https://www.youtube.com/watch?v=VwfJUKJy13Y (juste remplacer Marc par Guillaume)
Sous terre, nous portons tous en nous un petit vase à émotions, où s’accumulent nos peurs, nos plaisirs, nos doutes, les émotions des autres, notre détermination, nos moments de contemplation, notre fatigue, etc. Nous faisons de notre mieux pour éviter qu’il ne déborde trop souvent, à la fois pour ne pas remplir inutilement celui des autres et pour savoir exprimer quand il est sur le point de déborder, afin de préserver l’équilibre du groupe.
Guillaume part en tête, j’enquille derrière, suivi de Doriane et Paul G. qui ferme la marche. Nous avons chacun un kit, Guillaume et moi le matos, Paul G. la nourriture, le kit de secours et Doriane son vase d’émotions déjà à ras bord.
Rien de compliqué sur le plan spéléologique : un P6 (puit de 6 m), suivi d’un P20, puis nous arrivons au P86, le fameux. Ce dernier commence par un puits classique de 45 m, fractionné, avant de se poursuivre par une descente de 40 m en plein vide, dans une salle immense, d’où son nom : « la salle de l’Appréhension ». L’endroit peut impressionner ; on se sent tout petit. Nous atteignons rapidement le fond.
La salle est immense, les concrétions sont préservées, un chemin est balisé pour éviter que l’humain mette sa patte destructrice de partout. De premier abords je pensais aller faire un petit trou, manger de la corde mais ce fut encore une cavité incroyable. Véritable cathédrale de Gaudi souterraine (merci Anas pour la réf.), les volumes sont impressionnants. Ou, selon les imaginations, on se croirait dans pirate des caraïbes avec Davy Jones qui joue de son orgue monumental (merci Juju pour la réf.).
Il est temps de remonter. Je pars en dernier et m’occupe du déséquipement. Guillaume me donne un coup de main pour assembler le dernier kit et remonter la corde de 120 m. Nous ressortons après un peu moins de 4 heures sous terre, encore émerveillés par ce que nous avons vu. Alors oui, les ayatollahs de la spéléologie vous diront que les plus belles grottes karstiques se trouvent dans le Gard, l’Aveyron… mais le Var se défend très bien dans ce domaine avec des endroits incroyables. Nous finirons par un apéro très sympathique et chacun regagnera ses pénates.